Les français ont consommés en moyenne en 2018 29 kg de matériel électrique et électronique chacun.
C’est le chiffre que j’ai envie de partager avec vous cette semaine.
Ce chiffre m’a interpellé non pas pour sa valeur absolue qui ne me parle pas à priori. Je ne peux pas dire ce que cela représente vraiment ni si c’est trop ou pas. En revanche, lorsque l’on met ce chiffre en comparaison avec les consommations d’autres habitants de la planète, cela questionne.
Certes, vous vous en doutez peut-être, la consommation de matériel électrique et électronique française par habitant est plus élevée que pour le reste du monde.
De combien me direz-vous ?
Je vous répondrais d’une quantité non négligeable: 17 kg / hab / an pour un européen, et 6 kg / hab / an pour le reste du monde. Donc moyenne française, moyenne européenne et moyenne mondiale.
Entendons nous sur ce que nous appelons le matériel électronique et électrique. Cela va au delà du smartphone. Il s’agit de tous les appareils qui possèdent un circuit électrique ou électronique. Donc finalement tous les équipements que l’on possède et qui nécessitent une alimentation électrique.
Ce sont communément toutes les machines qui nous entourent et qui nous permettent de vivre plus confortablement (grille-pain, lave-linge, télévision, console de jeu, ordinateur, ampoules etc).
D’un point de vue usages, il s’agit de tous les équipements nous permettant de répondre à nos besoins d’hygiène, de se nourrir, de se divertir, de travailler, de communiquer…
Maintenant que nous avons défini les objets en question, posons nous la question de leur quantités en fonction de l’endroit.
Pourquoi autant de matériel ?
Je vais sans doute enfoncer des portes ouvertes mais ce volume de consommation est étroitement lié au niveau de développement économique du pays. Le niveau économique est aussi étroitement lié à la capacité de production et d’approvisionnement en énergie que le pays est capable d’obtenir ou de produire.
En France le niveau est donc élevé de ce point de vue par rapport aux autres pays.
La question des infrastructures est aussi un élément déterminant. Nous disposons d’investissements importants dans les infrastructures électriques et informatiques à la fois pour les produire et les maintenir en France ce qui permet de faire fonctionner tous ce petit monde.
Le pouvoir d’achat des français permet ce volume de consommation. Donc de leur niveau de vie moyen. Nous consacrons une faible partie de nos revenus à l’alimentation au regard des autres biens et services que nous consommons. Ce qui laisse donc une part plus importante à la consommation de biens électriques et électroniques que dans d’autres pays même voisins.
Et c’est précisément ce volume de consommation qui m’intrigue.
L’énergie disponible, la connectivité (antennes, cables, infrastructures informatiques…) mais aussi la culture de consommation a permis l’explosion des usages liés au numérique.
Le secteur des produits électriques et électronique est sujet à d’importantes innovations et une progression des usages possibles. Aujourd’hui, un smartphone est un véritable couteau suisse qui nous permet de réaliser une multitude de tâches diverses.
Nous avons donc tendance à renouveler ou à nous équiper en nouveaux matériels et plus fréquemment. C’est le mécanisme d’obsolescence psychologique. La publicité et les modes y contribuent largement. L’offre foisonnante de produits électroniques nous donne le tournis et y contribue. L’arrivée de nouveaux usages comme la vidéo en haute qualité qui pousse le consommateur à s’équiper en écran 4k par exemple et en connexion très haut débit en sont quelques exemples. En France, Netflix occupe un quart de la bande passante (trafic Internet) totale.
Il y a aussi l’obsolescence programmée. Elle peut être soit économique, soit technique (volontairement ou non par le fabricant) ou même réglementaire.
Quelques exemples d’obsolescence programmée: le changement de norme technique (passage de la 4G à la 5G), suppression de l’antenne hertzienne pour le passage à la TNT ou encore le changement de ports USB (normes techniques et réglementaire).
Les équipements informatiques qui ralentissent au fil du temps à cause des mises à jour logiciels, l’électroménager dont la durée de vie ne dépasse pas 5 ans… La durée de vie d’un ordinateur a été divisée par près de 3 depuis 1985, passant de 11 à 4 ans. Les fabricants ont en effet plutôt un intérêt économique à vendre du matériel plus régulièrement. Ils ne cherchent donc pas forcément la durabilité de leur produit au moment de leur conception.
Toutes ces raisons expliquent les 29 kg par personne de matériel électrique et électronique consommés en 2018 en France.
Conséquences et implications
- D’abord et en premier lieu la consommation électrique liée à l’utilisation de tous ces appareils.
- Une petite partie à un bilan carbone à l’usage même si en France, la production d’électricité est en garde partie décarbonnée grâce notamment au nucléaire.
- Il y a ensuite la question des déchets, en fin de vie, tous ces équipements finissent à la poubelle c’est-à-dire qu’ils se retrouvent soit en filière de recyclage (dont une petite partie est effectivement recyclée), soit incinérés ou exportés pour destruction ou enfouissement.
Je n’aborde pas ici la question de la fabrication de tous ces appareils. Elle n’intervient pas en France mais plutôt à l’étranger (souvent en Asie). Ce qui induit de lourdes conséquences écologiques liées notamment à l’énergie et aux matières nécessaires (principalement des métaux) à leur fabrication ainsi qu’à leur transport.
Enfin et pour finir je me pose la question de ce besoin de consommation. En a t on vraiment besoin dans ces proportions ? Est-ce que le bonheur ou les gains procurés par leur usage en valent vraiment les conséquences ? Étant donné qu’il n’y a pas de réponse absolue, chacun trouvera la sienne.
(Sources Ademe, Insee)